Myr Muratet - "Chapelle"

Finaliste 2020
Texte

 

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(c) M. Muratet - Drapé, boulevard Voltaire, Paris

 

 

 

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© M. Muratet / Intérieur Caravane - Aubervilliers. 

 

 

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© M. Muratet - Gare de l'Est

 

Depuis plus d’une quinzaine d’années, Myr Muratet, photographe résolument urbain, circonscrit sa recherche photographique à un territoire bien défini, partant de la gare du Nord jusqu’à la banlieue, de la porte de la Chapelle à celle des Poissonniers et ses marchés informels.

C’est dans ce triangle du nord de Paris que les flux migratoires – sans-papiers, réfugiés SDF, Roms, polyconsommateurs – convergent, rendus invisibles, dans le paysage urbain que fréquentent les Parisiens au quotidien. Et c’est là aussi où est né, vit et opère ce photographe en marge de tout réseaux associatifs. Chaque renfoncement est un abri potentiel qu’on cherche à éliminer. » Un constat qui depuis revient comme un leitmotiv, montrant comment s’exerce le contrôle du pouvoir sur la moindre portion de territoire. « Je ne fais pas un travail sur les pauvres, nuance-t-il, je cherche à voir comment les gens qui n’ont rien ou pas grand chose essaient de se construire une existence. Et montrer comment ceux qui résistent… ne résistent pas vraiment. Ils sont plutôt dans l’évitement. On ne résiste pas au pouvoir et à la force. Partant de ce constat il s’est également attaché à rendre visible les formes infinies des dispositifs anti-personnels mis en oeuvre pour contraindre les populations précaires.
 

 

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(c) M. Muratet - Cristi † et Gabi, bidonville porte d’Aubervilliers, Paris Nord

 

 

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(c) M. Muratet - Sous l’échangeur, porte de la Chapelle, Paris Nord

 

 

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​​​​​(c) M. Muratet - Drapé, échangeur porte de la Chapelle, Paris Nord

 

Biographie  de Myr MURATET

 

portrait

(c) J. Graf. 

 

Français. Né en 1959.
Vit et travaille à Paris

Son travail photographique implique la ville – celle où il vit –, mené depuis ses crans. Multipliant les allers et retours dans les lieux observés et au gré des rencontres avec les personnes photographiées, des années durant.

Ainsi réalise-t-il Paris-Nord, une série de photographies sur des usagers de la gare du Nord et les dispositifs mis en place pour les « contraindre ». Depuis 2003. Plus récemment, et sans pour autant interrompre les séries entamées – qui se chevauchent et accomplissent la « saillie » d’une topologie des formes et dispositifs adoptés par les acteurs des procès, processeurs, et autres procédures – politiques vastement de dévastation – techniciens de surface à la botte des Petits Marquis de « L’Administration de la contention » –, Wasteland, CityWalk, recherches en cours autour des notions d’occupation et d’invasion menée dans les friches urbaines de Seine-Saint-Denis. Il s’agit peut-être de dresser et de dépasser la figée photographique d’une concaténation systématique de systèmes de Contre-insurrection : les intersections de ces différentes séries cristallisent les enjeux de domination et d’abus de tous les pouvoirs, numériques, économiques, esthétiques ; dérisoires TOUJOURS effectifs, soit un chant de condensation pour les espaces meurtris et les espèces qui les habitent : Cantos de mala compensación.
 
Manuel Joseph

www.myrmuratet.com