Lauréate 2023 : Anaïs Oudart

Série "Héroïnes 17"
Texte

 
La crise sanitaire a accentué les difficultés au sein des familles. Dans les foyers les plus fragiles, les adolescents ont été perçus comme une charge entrainant une augmentation significative du nombre de cas de ruptures familiales. 

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(c) Anaïs Oudart


Aujourd’hui en France, l’âge moyen de la décohabitation avec les parents se situe à environ vingt-trois ans et l’accès à l’emploi stable à environ vingt-sept ans. Les mesures de protection de l’enfance, elles, s’arrêtent à dix-huit ans et un jour. De nombreux jeunes sans famille doivent se préparer à être autonomes à un âge où la grande majorité prolongent naturellement leur adolescence. 
 
Bien que le gouvernement ait admis cette injustice, de nombreux jeunes continuent de se retrouver en situation de précarité extrême. 40% des SDF de moins de 25 ans viennent de l’Aide Sociale à l’Enfance. 

 

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(c) Anaïs Oudart

 


Partant de ce constat, Anaïs Oudart a ciblé des jeunes femmes entre 18 et 25 ans ayant connu enfant ou adolescente une situation de rupture familiale. 
 
Elle a décidé de témoigner de leurs difficultés à l’âge adulte à se construire seules, sans parents ni famille. Nombreuses ont connu ou connaissent une situation de précarité de logement, certaines ont un parcours d’errance, d’autres ont eu recours à la prostitution comme moyen de s’en sortir. Toutes continuent d’avancer malgré le manque de soutien, de repères et de logement. Alors que pour certaines les difficultés perdurent, d'autres réussissent à se stabiliser et s'engagent naturellement vers la protection de l’enfance. 
 
Cette série témoigne d’enfances chaotiques et précaires. Elle présente des portraits de femmes dans leur parcours de réinsertion, qui doivent se battre plus fort que les autres pour essayer d’arriver au même niveau. 
 
En 2022, par l’intermédiaire de 7 structures en lien avec l’hébergement d’urgence et l’Aide Sociale à l’Enfance, Anaïs Oudart est allée à leur rencontre aux quatre coins de la France. Ces structures l’ont aidée à identifier des jeunes filles qui souhaitaient témoigner de leur parcours. 

 

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(c) Anaïs Oudart


Elle a réalisé un portrait et une interview de chacune d’entre elles dans un procédé collaboratif. Elle a suivi leurs choix du lieu de prise de vue et la façon dont elles souhaitaient être représentées, tout en révélant leur force et leur résilience. Lors des interviews, Elle les a laissées libres d’exprimer ce qu’elles avaient envie de partager avec la photographe et le reste du monde. Ce travail leur rend hommage. Le chiffre 17 fait référence à cet âge charnière où Anaïs Oudart pu constater de nombreux cas de rupture.
 
 -> Lire l'interview de Anaïs Oudart par le Magazine POLKA  
  
 
Cette série a été réalisée  dans le cadre de la grande commande photographique du Ministère de la Culture, pilotée par la Bibliothèque nationale de France, intitulée "Radioscopie de la France, regards sur un pays traversé par la crise sanitaire". 

Biographie


Anaïs Oudart vit et travaille à Paris. Ses projets photographiques explorent sous différentes formes la fragilité des rapports humains. Son travail de portraitiste engagé cherche à la fois à dénoncer les violences, mais aussi à rendre hommage à des parcours de vie résilients. 


En 2022, elle est lauréate de la bourse du Ministère de la Culture pilotée par la Bibliothèque Nationale de France : « Radioscopie de la France, Regards sur un pays traversé par la crise sanitaire. », pour sa série Héroïnes 17. Cette même année, elle obtient la bourse de Photographie Documentaire Contemporaine du Centre National des Arts Plastiques pour sa série « L’Etreinte du Serpent », sur le viol comme arme de guerre en République Démocratique du Congo. Toujours en 2022, elle obtient le Mentorat#2 des Filles de la Photo pour son travail sur les violences sexuelles liées au conflit actuel en Ukraine. 


Pour réaliser ses séries au long cours, elle répond à des commandes et évolue en parallèle, entre l’univers des ONG et celui du luxe.  En 2020, elle réalise des photos pour la marque Céline (LVMH). Actuellement, elle collabore régulièrement avec Médecins du Monde, le Secours populaire, SOS Villages d’enfants et plus récemment avec le journal Les Echos. 


Cette double compétence (studio / reportage) est acquise durant les quatre années où elle travaille au Studio Rouchon. Elle y assiste alors des photographes de renom (Jean-Baptiste Mondino, Jean-Paul Goude, Ellen Von Unwerth, Adam Sims…) et participe à leurs campagnes publicitaires (Louis Vuitton, Dior, Yves Saint Laurent, Guerlain et Clarins). Elle collabore aussi avec le portraitiste Denis Rouvre qu’elle accompagne notamment sur le projet Unsung Heroes : un tour du monde des violences faites aux femmes, sous l’égide de Médecins du Monde.
 
-> web : oudartanais.com